J’ai un parcours un peu atypique dans le bâtiment. J’ai commencé par un Bac F4, une formation technique travaux publics, génie civil, qui m’a amené vers l’école d’architecture de Montpellier.
Je n’ai pas terminé le cursus, j’étais jeune et je voulais me lancer dans la vie professionnelle.
J’ai trouvé du travail comme commis dans un cabinet d’architecte à Perpignan et au bout de quelques années, je suis devenu chef d’agence. Dans les années 80, c’était la grande période de l’aménagement du littoral, puis le marché a subi une première crise et l’agence a dû fermer.
J’ai décidé de me lancer et de reprendre l’activité, je me suis constitué une clientèle, j’ai embauché, mais en 91 une deuxième crise provoquée par la guerre du Golfe m’a obligé à fermer l’agence.
Jeune papa de trois enfants, il me fallait vite retrouver du travail. J’ai commencé une carrière de conducteur de travaux dans des entreprises de menuiserie. La part la plus intéressante de mon activité s’est faite dans l’entreprise Quinta bâtiment.
Au bout de deux ans, j’avais l’entière confiance du patron et lorsqu’il est tombé gravement malade, il m’a confié la responsabilité de l’entreprise. Ne pouvant reprendre ses fonctions, il a souhaité arrêter.
Pour moi, l’évidence à ce moment là, c’était la Scop. Je savais qu’en utilisant bien les compétences, avec l’outil existant, on pouvait reprendre sans problème. J’avais la confiance des employés ; mais quand il a fallu constituer un capital qui représentait pour chacun un apport d’environ 10 000 euros, personne n’était prêt. Difficile de passer d’une entreprise “familiale” à une Scop…
J’ai alors trouvé deux associés pour reprendre en SARL. Mais nous n’avions pas les mêmes objectifs, eux venaient de l’industrie en région parisienne et ils avaient un management qui ne correspondait pas bien au secteur du bois.
J’ai décidé de partir quand ils ont pris la décision de racheter une autre entreprise sans m’en avertir. J’ai choisi de revenir à mon métier de conducteur de travaux.
Je ne voulais pas remonter une SARL, ni prendre le statut d’autoentrepreneur. J’ai été informé de l’existence de Perspectives par la Mutuelle des motards. Je suis entré dans la coopérative en juillet 2013.
Entrer à Perspectives est pour moi la possibilité de faire partager mon expérience. M’alléger de la partie administrative me permet aussi de mieux me consacrer à mon coeur de métier.
Mes relations privilégiées avec les architectes du département, m’ont permis de redémarrer. Je travaille actuellement pour deux cabinets pour lesquels je fais du suivi de chantier. J’interviens aussi bien sur de la rénovation que sur du neuf. J’aime trouver des solutions techniques intéressantes et faire le lien avec les architectes. Quelques anciens clients me sollicitent pour de la maîtrise d’ouvrage.
La difficulté de ce métier est qu’il faut se projeter, entre le projet et le chantier, il peut s’écouler un an…
Je peux mettre mes compétences au service des entrepreneurs du bâtiment et je peux apporter des solutions techniques aux artistes qui réalisent un travail dans le cadre du 1% réservé à la création dans la construction de bâtiments publics.
Nous avons eu une réunion de groupe dans ce sens. Je peux également aider à répondre aux appels d’offre publics.
J’aime être dans l’échange. C’est sûrement lié au fait que mon père, fonctionnaire, consacrait tout son temps libre à la vie associative et, enfant, j’ai baigné là-dedans.
De mon côté, j’ai monté la “Fédération régionale des motards en colère” où nous sommes maintenant plus de 300 adhérents.
Les valeurs humaines me semblent primordiales. Il faut pouvoir redonner ce qu’on a reçu… Il y a encore beaucoup de choses à faire pour développer cette dynamique d’échange dans Perspectives et je suis prêt à y participer.